Le Pin sylvestre, symbole de vie, de longévité et d’immortalité

Le pin sylvestre, de son nom botanique Pinus sylvestris L., appartient à la famille des Pinaceae. On obtient son huile essentielle à partir des aiguilles. L’origine du nom latin du Pin sylvestre est débattue. Alexandre Etienne Guillaume « de » Théis, en 1810, soutenait qu’il vient du Celte « pinus », signifiant montagne ou rocher. Cependant, Félix Gaffiot, dans son Dictionnaire latin français de 1934, pensait qu’il dérive du latin « pinus ». Ce mot latin serait lié au grec ancien « pitus » ou « pitta », qui désignent le pin ou la résine. Malgré ces incertitudes, une chose est claire : son habitat forestier justifie son nom « sylvestris ». Ce terme vient du mot latin « silva », qui signifie forêt.

Qu’est ce que le pin sylvestre ?

Le Pin sylvestre (Pinus sylvestris) est une espèce d’arbre originaire des régions montagneuses d’Europe centrale et septentrionale. Il est courant et s’adapte bien à divers environnements, dominant dans les forêts boréales eurasiennes. Ce pin a un tronc long sans branches. Il vit normalement de 150 à 200 ans, mais peut atteindre 600 ans. Sa taille est de 25 à 40 mètres. Son écorce est orangée ou gris jaunâtre en haut.

Les feuilles du Pin sylvestre sont des aiguilles relativement courtes, mesurant de 4 à 7 cm sur les arbres matures. Elles sont regroupées par paires avec une base commune et ont une teinte vert bleuté ou vert grisâtre caractéristique.

La plante a une grande aire de répartition. Elle va des régions méditerranéennes aux régions subarctiques. On la trouve dans différents habitats forestiers, des montagnes aux plaines. Le Pin sylvestre joue un rôle majeur en sylviculture et reboisement. On le plante souvent hors de sa zone d’origine. Cela a mené à sa naturalisation dans certaines régions. Il est bien adapté à la lumière et résiste au vent ainsi qu’à la sécheresse. Bien qu’il puisse s’épanouir dans une variété de sols, il préfère les sols non calcaires.

En ce qui concerne sa conservation, le Pin sylvestre n’est pas considéré comme une espèce menacée en France et est classé en tant qu’Espèce de préoccupation mineure (LC) par l’UICN.

Un peu d’histoire

Arbre mythique en Extrême-Orient, il symbolise la vie, la longévité et l’immortalité. En Écosse, il s’élève au rang d’arbre national. Depuis des siècles, le pin s’utilise pour ses propriétés thérapeutiques. Les extraits d’aiguilles de pin étaient traditionnellement utilisés par les Amérindiens du Canada pour prévenir le scorbut. C’est ce que découvrit le français Jacques Cartier quand il explora, pour la première fois, le golfe du Saint-Laurent en 1534.

Hippocrate employait son oléorésine pour traiter la pneumonie et les maladies infectieuses respiratoires. Dioscoride conseillait la décoction de pommes de pin dans un vin afin de combattre la toux invétérée chez les phtisiques (tuberculeux) et chez ceux qui ont les poumons ulcérés. De plus, il cite le pin sylvestre pour soigner les maladies respiratoires, les maux de gorge et la congestion. Théophraste d’Erèse, disciple d’Aristote, en parle longuement dans son traité des plantes.

Le nom « pin » suscite des débats sur son origine, certains suggérant qu’il dérive du mot indo-européen « pit » signifiant résine, tandis que d’autres pensent qu’il provient du mot celtique « pen » signifiant tête, en référence à la résine. « Pinus » en latin désigne plus précisément le pin parasol, tandis que « sylvetris » provient du latin « sylva » signifiant forêt. Sur le plan mythologique, le pin est associé à diverses divinités de la nature, telles que Pan dans la mythologie grecque et Sylvain dans la mythologie romaine. Les pins étaient sacrés dans la Grèce antique, et leur abattage était interdit.

Les pignons, issus des pins, sont également liés à la mythologie en tant qu’avatar de la Déesse-Mère, Cybèle, représentant l’énergie de la terre. Ils étaient considérés comme ayant une valeur aphrodisiaque, bien que cela n’ait pas été scientifiquement prouvé.

Au Moyen Âge, le pin était associé à la magie et à la médecine. Merlin escaladait un pin pour acquérir des pouvoirs, et Hildegarde de Bingen reconnaissait la valeur médicinale de la résine de pin, tout en mettant en garde contre son utilisation exclusive.

Pendant la Renaissance, Jacques Cartier apprit des tribus autochtones canadiennes que les aiguilles de pin avaient des propriétés antiscorbutiques, aidant ainsi à prévenir cette maladie chez les marins.

L’usage du bourgeon de pin semble plus récent en Europe. Fournier (XXe siècle) le considère comme balsamique, pectoral, diurétique, anticorbustique et plus ou moins bactéricide, ce qui en fait un remède dans les bronchites chroniques ou aiguës, la toux, la grippe, l’asthme ainsi que dans les affections urinaires comme les cystites ou les calculs. En application locale, il est utile dans les maladies de peau, les rhumatismes ou pour activer la circulation sanguine. Les époques modernes et contemporaines ont également vu l’utilisation continue de la résine de pin à des fins médicinales, notamment pour le traitement des affections respiratoires et des problèmes de peau.

Quelles sont les principales propriétés pharmacologiques des bourgeons de Pin ?

Le pin sylvestre renferme principalement des acides phénoliques et une huile essentielle riche en pinènes. Ces composants lui confèrent des propriétés bénéfiques pour les voies respiratoires, notamment en tant qu’antiseptique respiratoire, expectorant, mucolytique, et anti-inflammatoire.

Mode d’action connu ou présumé :

  • Alpha-pinène et béta-pinènelimonène sont expectorants
  • L’acétate de bornyle est analgésique central et périphérique
  • Les monoterpènes seraient cortisone-like

La Commission E allemande reconnaît l’utilisation des bourgeons de pin sylvestre dans le traitement des affections catarrhales des voies respiratoires, soulignant leur efficacité (97). Les bienfaits antiseptiques au niveau des voies respiratoires sont attribués à la présence d’α-pinène et de β-pinène dans la plante. Ces composés stimulent l’activité d’élimination du mucus par les cils respiratoires et favorisent ainsi l’expulsion du mucus bronchique (58) (62).

Propriété antiseptique des voies respiratoires

Le pin sylvestre (Pinus sylvestris) est un arbre qui se distingue par ses propriétés médicinales attribuées à son huile essentielle, riche en composés tels que l’α-pinène, le β-pinène, et le limonène. Ces composants confèrent au pin sylvestre des propriétés thérapeutiques importantes, en particulier dans le domaine de la santé respiratoire et de la lutte contre les infections.

L’une des principales propriétés du pin sylvestre est son effet expectorant. Cela signifie qu’il favorise l’expulsion des sécrétions bronchiques, ce qui peut être très bénéfique pour les personnes souffrant de toux grasse ou de congestion pulmonaire. En facilitant le dégagement des voies respiratoires, il contribue à soulager les symptômes de diverses affections respiratoires, notamment les bronchites.

Antimicrobienne, l’essence de pin sylvestre possède des effets antiseptiques pulmonaires. L’activité antibactérienne de l’α-pinène est démontrée vis-à-vis du staphylocoque doré, d’Escherichia coli, de Proteus mirabilis, de Pseudomonas aeruginosa et de Klebsiella pneumoniae. 

De plus, le pin sylvestre est reconnu pour ses propriétés antiseptiques et antibactériennes. Il a la capacité d’inhiber la croissance de bactéries pathogènes, notamment le Staphylococcus aureus, une bactérie Gram positive. Son action antibactérienne est dite « bactériostatique », ce qui signifie qu’il prévient la multiplication des bactéries, contribuant ainsi à lutter contre les infections respiratoires et d’autres problèmes de santé.

Le pin potentialise notamment l’effet antibiotique de la tétracycline sur Staphylococcus aureus. L’alpha-pinène module la résistance aux antibiotiques chez Campylobacter jejuni. Cette molécule diminue la concentration minimale inhibitrice des antibiotiques (ciprofloxacine, érythromycine, triclosan). De plus, elle inhibe les pompes d’efflux microbiennes et altère l’intégrité membranaire ainsi que le métabolisme microbien.

On note une potentialisation de l’effet des antibiotiques ceftazidime, amoxicilline, céfépime, céfoxitine et amikacine sur Escherichia coli.

Le pin sylvestre ne se limite pas à son action contre les bactéries, il possède également des propriétés antifongiques. Il est efficace contre plusieurs variétés de champignons, tels que Aspergillus et Penicillium. Ces propriétés antifongiques sont importantes pour améliorer la qualité de l’air intérieur, en particulier dans les environnements où la prolifération de moisissures peut être problématique. Antifongique vis-à-vis de Candida albicans et de dermatophytes, l’essence est également antivirale vis-à-vis du virus de l’herpès HSV-1.

Propriétés expectorante et mucolytique

Cette plante tire sa puissance de sa composition riche en monoterpènes tels que l’α-pinène, le β-pinène et la térébenthine.

L’un des aspects les plus remarquables de cette plante est sa capacité à stimuler les glandes à mucine. En conséquence, elle augmente la production de sécrétions dans les voies respiratoires. Ces sécrétions ont un rôle essentiel dans le maintien de la santé des voies respiratoires, car elles agissent comme un piège à poussières, bactéries et particules étrangères. Cependant, lorsque le mucus devient trop épais, il peut obstruer les voies respiratoires et causer des problèmes de respiration.

C’est là que le pin sylvestre entre en jeu. En fluidifiant le mucus, en diminuant sa viscosité et en améliorant son élasticité, cette plante favorise l’élimination du mucus. Cette action est essentielle car elle permet au mouvement ciliaire de mieux expulser les sécrétions, contribuant ainsi au nettoyage des voies respiratoires. De plus, le pin sylvestre est bénéfique lorsqu’il y a une altération du tapis muco-ciliaire, qui est responsable du déplacement des sécrétions dans les voies aériennes. Il aide à restaurer cette fonction cruciale.

En conséquence, le pin sylvestre présente des propriétés antitussives, c’est-à-dire qu’il apaise la toux en diminuant l’irritation des voies respiratoires. Il est également considéré comme un émollient, car il adoucit les voies respiratoires en réduisant l’inflammation. Par conséquent, il offre un soulagement aux personnes souffrant de toux, en particulier celles qui ont des bronchites avec toux grasse.

Propriétés anti-inflammatoire et décongestionnante

L’une des découvertes notables concerne l’impact de l’extrait de pin sylvestre sur la production de monoxyde d’azote (NO). Les études in vitro suggèrent que cet extrait réduit la production de NO, principalement en raison de deux mécanismes possibles. D’une part, il peut avoir des effets inhibiteurs sur l’expression du gène de l’oxyde nitrique synthase inductible (iNOS), un enzyme responsable de la production de NO. D’autre part, il peut avoir la capacité d’éliminer directement le NO existant. Cette régulation du NO est cruciale, car une production excessive de NO est associée à l’inflammation.

De plus, les extraits de l’écorce de Pinus sylvestris ont une capacité d’inhibition in vitro. Ils agissent sur les médiateurs inflammatoires comme le NO et la PE2. Les polyphénols, dont la taxifoline et les procyanidines, encouragent l’apoptose. C’est un processus de mort cellulaire programmée essentiel pour éliminer les cellules abîmées ou superflues.

Le pin sylvestre possède aussi des propriétés anti-inflammatoires. Il a traditionnellement servi de décongestionnant pour la zone pelvienne. Cela inclut la vessie et la sphère utéro-ovarienne, ainsi que pour le système lymphatiqueIl est reconnu pour son potentiel anti-inflammatoire et analgésique dans le traitement des affections rhumatismales.

L’action bénéfique du pin sylvestre ne s’arrête pas là. Il agit également comme un décongestionnant des voies respiratoires supérieures, apaisant ainsi les symptômes des affections respiratoires. Son tropisme particulier pour la sphère bronchopulmonaire le rend précieux dans les cas de toux grasse, d’inflammation des voies aériennes et même de bronchopneumopathies chroniques obstructives (BPCO). Les bourgeons de pin sylvestre offrent un soulagement en apaisant les voies respiratoires grâce à leur activité anti-inflammatoire. Ils jouent un rôle essentiel en soulageant les irritations de la gorge, en dégageant le nez et en facilitant la respiration.

L’essence de pin sylvestre possède une action de stimulation adrénergique et chondroprotectrice.

Autres effets :

  • Hormon-like
    • Axe hypophyso-corticosurrénal : cortison-like, anti-inflammatoire
      • hypophyso-pancréatique : antidiabétique
      • hypophyso-gonadique : stimulante sexuelle
  • Tonique stimulante neurotonique et hypertensive (le plus grand tonique physique)
  • Balsamique, fluidifiante bronchique
  • Décongestionnante lymphatique et utéro-ovarienne
  • Active sur le SNA : Ʃ+
  • Antispasmodique du β-pinène
  • Stimule la microcirculation digestive
  • Rubéfiante, analgésique percutanée
  • Cicatrisante et anti-inflammatoire locale

Existe-t-il des précautions d’emploi concernant le Pin sylvestre ?

Jusqu’à présent, aucun rapport ne signale de toxicité liée à l’utilisation du pin sylvestre.

À ce jour, l’utilisation du pin sylvestre n’a entraîné aucun effet secondaire rapporté.

Aucune interaction médicamenteuse associée au pin sylvestre n’est connue jusqu’à présent. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) n’a pas émis de recommandations particulières concernant l’utilisation de compléments alimentaires contenant du pin sylvestre.

  • Éviter en association avec la cortisone, risque d’interaction médicamenteuse
  • Contre-indiqué aussi pour ceux hypersensibles à ses composants actifs
  • Ne pas utiliser sur une période prolongée, au risque de mettre au repos l’axe hypophyso-surrénalien et de subir une insuffisance surrénalienne aiguë à l’arrêt de la prise de l’huile essentielle
  • Éviter d’appliquer l’huile essentielle le soir (ou avant toute période de repos)
  • Déconseillée chez les personnes souffrant d’ostéoporose, en raison du risque de décalcification inhérent
  • Dermocausticité à l’état pur, dilution requise
  • Éviter en inhalation humide
  • Épileptisante à haute dose
  • Contre-indiquée chez l’enfant de moins de 7 ans
  • Contre-indiquée chez la femme enceinte (le limonène induit des contractions utérines) ou allaitante. Elle est aussi à éviter durant les premiers 5 mois de grossesse.
  • Prudence en cas d’insuffisance rénale per os (néphrotoxique)
  • L’α-pinène est un inhibiteur enzymatique, risque d’interactions médicamenteuses, demandez conseil à votre pharmacien
  • Contre-indiquée chez les asthmatiques et en cas de toux asthmatique.
  • Les experts déconseillent les bourgeons de pin sylvestre pour les enfants de moins de 2 ans et ceux ayant eu des convulsions.

Comment prendre le Pin sylvestre et à quel dosage ?

Le dosage du pin sylvestre change selon sa forme (huile essentielle, extrait, complément). Le but d’utilisation influence aussi le dosage. Suivre les conseils du fabricant ou d’un professionnel de la santé est crucial. Les dosages diffèrent selon la concentration et la pureté du produit.

L’huile essentielle de pin sylvestre est très concentrée et puissante. Elle doit être diluée avant utilisation. En général, vous pouvez ajouter quelques gouttes d’huile essentielle de pin sylvestre à une huile porteuse (comme de l’huile d’amande douce ou de l’huile de coco) avant de l’appliquer sur la peau ou de l’inhaler. Le dosage spécifique dépendra de l’usage prévu, mais commencez toujours par une petite quantité et augmentez si nécessaire.

Les extraits de pin sylvestre peuvent être disponibles sous différentes formes (capsules, gouttes, etc.). Les dosages peuvent varier en fonction du fabricant et de la concentration de l’extrait. Il est essentiel de suivre les instructions fournies sur l’emballage du produit ou de consulter un professionnel de santé pour déterminer le dosage approprié en fonction de vos besoins spécifiques.

Si vous envisagez de prendre des compléments alimentaires contenant du pin sylvestre, suivez les recommandations du fabricant indiquées sur l’emballage du produit. Les dosages peuvent varier d’un supplément à l’autre, alors assurez-vous de respecter les instructions pour un usage sûr et efficace.

  • Extrait fluide de plante fraîche standardisé : 5 ml 1 à 2 fois par jour dans un verre d’eau.
  • Extrait hydroalcoolique : 15 à 20 gouttes 2 à 3 fois par jour dans de l’eau.
  • Tisanes : infuser 4 grammes de bourgeons pour 200 mL pendant 1 heure et filtrer. Une tasse 2 à 3 fois par jour.
  • Sous forme d’extrait de plante fraîche standardisé ou de poudre, en gélules : 150 à 200 mg par prise, à raison d’1 à 2 prises, 2 à 3 fois par jour.
  • Huile essentielle : en voie orale, 2 gouttes, 2 à 3 fois par jour

Sources bibliographiques médicales et essais cliniques

  • Rauha J.P. et al., Antimicrobial effects of Finnish plant extracts containing flavonoids and other phenolic compounds, Int J Food Microbiol., 2000
  • Motiejunaite O., Peciulyte D., Fungicidal properties of Pinus sylvestris L. for improvement of air quality, Medicina (Kaunas), 2004
  • Karonen M. et al., Phenolic Extractives from the Bark of Pinus sylvestris L. and Their Effects on Inflammatory Mediators Nitric Oxide and Prostaglandin E2, J. Agric Food Chem., 2004
  • Kizilarslan Hancer C. et al., Ethnobotanical uses og genus Pinus L. (Pinaceae) in Turkey, Indian Journal of traditionnal knowledge, 2013
  • Amalinei R.L.M. et al., Polyphenol-rich extract from pinus sylvestris l. bark – Chemical et antitumor studies, Rev. Med. Chir. Car. Soc. Med. Nat., Iasi, 2014

2 réflexions au sujet de “Le Pin sylvestre, symbole de vie, de longévité et d’immortalité”

  1. Bonjour,
    Très bon article sur le pin sylvestre !
    Vous pourriez ajouter, rubrique « Comment prendre… », dans une optique plus complète l’excellente huile essentielle de pin sylvestre.

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    • Bonjour et merci pour votre suggestion, vos retours sont toujours très intéressants,
      A bientôt chez Soin & Nature

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