Essence de Pamplemousse, hybride pharmacologiquement intéressante

Le pamplemousse, un agrume bien connu pour sa saveur unique et ses nombreuses applications, occupe une place de choix dans le monde des remèdes naturels. Cet article explore en profondeur l’univers fascinant du pamplemousse, plus précisément l’essence extraite de son zeste, et plonge dans son histoire riche et ses usages variés. Originaire d’Asie, le pamplemousse a voyagé à travers les continents, s’adaptant et évoluant, pour finalement s’imposer comme un ingrédient clé dans divers domaines, notamment la santé et le bien-être.

En abordant l’histoire du pamplemousse, cet article retrace son parcours depuis ses origines asiatiques jusqu’à son introduction en Europe et son développement aux Caraïbes. Le pomelo, étroitement lié au pamplemousse, a également son histoire à raconter, notamment son développement en Amérique du Nord. Ces récits historiques offrent un aperçu fascinant de la façon dont le pamplemousse et le pomelo se sont intégrés dans diverses cultures et ont été utilisés au fil du temps.

Au-delà de son histoire, cet article met en lumière les multiples usages du pamplemousse, qui ne se limitent pas à son rôle dans l’alimentation. Il a été incorporé dans divers régimes alimentaires, et ses interactions avec les médicaments ont suscité un intérêt particulier, notamment en raison de sa capacité à influencer la concentration de certains médicaments dans l’organisme. L’essence de zeste de pamplemousse, en particulier, possède des propriétés pharmacologiques notables, notamment ses effets sur le foie, ses propriétés antimicrobiennes, digestives, cutanées, anti-inflammatoires, et même antitumorales.

Cependant, l’utilisation de l’essence de pamplemousse n’est pas sans précautions. Cet article aborde en détail les contre-indications et les effets secondaires potentiels, soulignant l’importance de la prudence dans son application. Enfin, s’appuyant sur des sources bibliographiques médicales et des essais cliniques, cet article offre une perspective éclairée et fondée sur des données probantes sur les multiples facettes du pamplemousse et de son essence.

Histoire du pamplemousse

L’essence de pamplemousse, extraite du pamplemoussier (Citrus maxima), a ses origines en Asie du Sud-Est et est documentée depuis l’Antiquité.

Ses origines

Le pamplemousse est originaire d’Asie. Il est en effet apparu en Malaisie et a été cultivé en Chine il y a au moins 4000 ans. Il est entré en Europe au XIIe siècle, plus précisément en Espagne, mais il n’y a jamais été consommé à grande échelle.

Développé par les Arabes dans le bassin oriental de la Méditerranée, il a été introduit au XVIIIe siècle par le capitaine anglais Shaddock aux Barbades, de sorte que le pamplemousse est parfois appelé dans les Caraïbes « cadèque ».

Dans les îles de Trinité-et-Tobago aux Caraïbes, le péricarpe du pamplemousse est traditionnellement utilisé dans l’hypertension.

Le pomelo, lui, est né en Amérique du Nord. C’est en Floride qu’on l’a cultivé pour la première fois au XIXe siècle. Depuis, il est devenu un fruit emblématique de cet État. Le pomelo est un hybride du pamplemousse et d’une variété d’orange. On le trouve toute l’année sur les étals, car il est produit dans plusieurs régions du monde : de l’automne jusqu’au printemps, il est importé des Etats-Unis et d’Israël, puis, en été, l’Argentine et l’Afrique du Sud prennent le relais.

Il est arrivé, sous le nom et la forme du pomelo, en Jamaïque vers 1750. Puis sa culture s’est développée tout le long de la route des Antilles, les fruits étant transportés par les navires marchands. Il est introduit en Floride début 1800. Il est depuis cultivé dans tout le pourtour méditerranéen, mais surtout en Floride.

Ses usages

Produit et consommé aujourd’hui en Thaïlande, en Malaisie, en Indonésie, au Vietnam, ainsi qu’en Chine, le pamplemousse a connu un moment de notoriété dans les années 1930. À cette époque, un régime amaigrissant « miracle » à base de pamplemousse a suscité un engouement passager avant de tomber dans l’oubli. Au début des années 1980, un nouveau régime à base de pamplemousse a également refait surface (le « régime hollywoodien »). Prétendant aider à la perte de poids, ce régime a perdu de sa notoriété comme la plupart de ses compagnons (régime ananas, choux…).

Le fruit renferme des furocoumarines qui inhibent des enzymes, les cytochromes 3A4 capables de diminuer la dégradation de médicaments dans l’organisme et d’accroître leur concentration, induisant un surdosage. Le jus de pamplemousse est concerné par ces interactions, mais pas l’huile essentielle. Un extrait de pépin jouit d’une réputation d’activité antibactérienne.

Quelle est la composition chimique de l’essence de pamplemousse ?

L’essence de pamplemousse, également connue sous le nom d’extrait de pépins de pamplemousse, est un liquide riche en composés bioactifs. Sa composition chimique comprend principalement :

Flavonoïdes

Les flavonoïdes sont un groupe de phytonutriments présents dans de nombreux fruits et légumes, y compris le pamplemousse. Ils sont réputés pour leurs puissantes propriétés antioxydantes, ce qui signifie qu’ils peuvent neutraliser les radicaux libres nocifs dans le corps. Ces radicaux libres sont des molécules instables qui peuvent endommager les cellules et contribuer au vieillissement et à diverses maladies. En réduisant le stress oxydatif, les flavonoïdes aident à protéger contre les maladies chroniques telles que les maladies cardiaques et le cancer. Ils jouent également un rôle dans la réduction de l’inflammation, ce qui peut bénéficier aux personnes souffrant de conditions inflammatoires chroniques.

Limonoïdes

Les limonoïdes sont des composés chimiques trouvés dans les agrumes, y compris le pamplemousse. Ils ont attiré l’attention pour leur potentiel anticancéreux, montré dans des études préliminaires. Les recherches suggèrent que les limonoïdes peuvent aider à inhiber la croissance de cellules cancéreuses et à promouvoir la mort cellulaire programmée (apoptose) dans divers types de cancers. En outre, ils pourraient jouer un rôle dans la réduction du cholestérol et avoir des effets antimicrobiens.

Naringine

La naringine est un flavonoïde spécifique abondant dans le pamplemousse. Elle est responsable de l’amertume distincte du fruit. Au-delà de son goût caractéristique, la naringine est reconnue pour ses propriétés anti-inflammatoires et antioxydantes. Elle peut aider à combattre l’inflammation dans le corps et protéger les cellules contre les dommages causés par les radicaux libres. Des études suggèrent également que la naringine peut avoir des effets bénéfiques sur le métabolisme des lipides et la régulation de la glycémie.

Vitamine C

Le pamplemousse est une source exceptionnelle de vitamine C, un nutriment essentiel pour la santé. La vitamine C est cruciale pour le renforcement du système immunitaire, aidant à protéger le corps contre les infections. Elle joue également un rôle vital dans la synthèse du collagène, la réparation des tissus, et l’absorption du fer. En tant qu’antioxydant, la vitamine C aide à réduire le stress oxydatif et peut diminuer le risque de maladies chroniques.

Acides organiques

Les acides organiques tels que l’acide citrique sont abondants dans le pamplemousse. Ils contribuent aux propriétés antiseptiques de l’essence de pamplemousse, ce qui peut être bénéfique pour la santé de la peau et la prévention des infections. L’acide citrique joue également un rôle dans le métabolisme énergétique et peut aider à améliorer l’absorption de certains minéraux dans le corps.

Quelles sont les propriétés pharmacologiques de l’essence de zeste de Pamplemousse ?

Le fruit renferme des furocoumarines qui inhibent des enzymes, les cytochromes 3A4 capables de diminuer la dégradation de médicaments dans l’organisme et d’accroître ainsi leur concentration, induisant un surdosage. Les interactions médicamenteuses touchent le jus de pamplemousse, cependant, l’huile essentielle ne présente pas de préoccupation à cet égard, étant dépourvue de flavonoïdes et de coumarines.

Actions sur le foie :

Le limonène est cholérétique, détoxifiant, hépatoprotecteur et antioxydant. L’action détoxifiante est notamment liée à la stimulation des cytochromes P-450 ou des enzymes de phase 2, comme le glutathion-S-transférase.

Effet antimicrobien :

Le limonène est antibactérien, antiviral (HSV) et antifongique. L’essence de pamplemousse est par conséquent active sur le staphylocoque doré résistant aux antibiotiques.

Effet digestif :

Le limonène réduit les nausées par action sur la motilité ainsi que l’acidité gastriques lors de reflux gastro-œsophagien.

Action sur la peau :

Le limonène régule le sébum du cuir chevelu.

Propriétés anti-inflammatoires :

Anti-inflammatoire, l’essence de pamplemousse inhibe l’interféron gamma et la production d’IL-4. Également anti-inflammatoire bronchique, le pamplemousse est utilisable dans l’asthme par inhibition des cytokines, en inactivant la migration des éosinophiles.

Cortison-like, cette essence est en outre stimulante de l’axe hypophyso-corticosurrénalien, intéressante dans les états inflammatoires prolongés.

Effet antitumoral :

L’essence de pamplemousse protège par ailleurs contre la cancérisation de la peau, du foie, du sein et du colon. Inducteur de l’apoptose, anti-angiogénique ainsi qu’antitumoral, le limonène inhibe la croissance cellulaire maligne.

Le D-limonène agit en tant que préventif contre le cancer de la peau en réduisant la chimio-induction des carcinomes hépatocellulaires. Cependant, en raison de ses propriétés anticancéreuses, on le désigne comme un agent antinéoplasique émergent.. Le limonène induirait en outre l’apoptose via la mort mitochondriale et la suppression de médiateurs cellulaires.

Autres effets :

  • Expectorante
  • Cholagogue
  • Potentialités dans la COVID-19
  • Action antistress comportementale et physiologique

L’essence de Pamplemousse requiert-elle des précautions d’emploi ?

  • Contre-indiquée chez la femme enceinte (le limonène induit des contractions utérines) ou allaitante
  • Contre-indiquée chez l’enfant de moins de 8 ans
  • En application cutanée ou par voie orale, éviter l’exposition au soleil en raison du risque de photosensibilisation
  • Ne pas inhaler
  • Éviter en association avec la cortisone, risque d’interaction médicamenteuse
  • Ne pas utiliser sur une période prolongée, au risque de mettre au repos l’axe hypophyso-surrénalien et de subir une insuffisance surrénalienne aiguë à l’arrêt de la prise de l’essence
  • Éviter d’appliquer l’essence le soir (ou avant toute période de repos)
  • Déconseillée chez les personnes souffrant d’ostéoporose, en raison du risque de décalcification inhérent
  • Prudence en cas d’insuffisance rénale per os (néphrotoxique)
  • Cause des dermatites de contact (surtout quand il est oxydé), les cas de sensibilisation cutanée rapportés seraient en effet dus aux produits d’oxydation du d-limonène
  • Il est essentiel de prendre en considération les effets combinés de divers médicaments.

Sources bibliographiques médicales et essais cliniques :

  • Singh, P., Shukla, R., Prakash, B., Kumar, A., Singh, S., Mishra, P. K., & Dubey, N. K. (2010). Chemical profile, antifungal, antiaflatoxigenic and antioxidant activity of Citrus maxima Burm. and Citrus sinensis (L.) Osbeck car essential oils and their cyclic monoterpene, DL-limonene. Food and Chemical Toxicology
  • Schuhmacher A, Reichling J, Schnitzler P. Virucidal effect of peppermint oil on the enveloped viruses herpes simplex virus type 1 and type 2 in vitro. Phytomedicine, 2003
  • Astani A, Schnitzler P. Antiviral activity of monoterpenes beta-pinene and limonene against herpes simplex virus in vitro car. Iranian Journal of Microbiology. 2014
  • Souza MC, Siani AC, Ramos MF, Menezes-de-Lima OJ, Henriques MG. Evaluation of anti-inflammatory activity of essential oils from two Asteraceae species. Pharmazie. 2003
  • Hirota R, Roger NN, Nakamura H, Song HS, Sawamura M, Suganuma N. Anti-inflammatory effects of limonene from yuzu (Citrus junos Tanaka) essential oil on eosinophils. J Food Sci. 2010
  • Guang L, Feng B, Zhan L, Yu Z. 2003. D limonene induces car apoptosis of gastric cancer cells. Zhonghua Zhong Liu Za Zhi (Chin J Oncol)
  • Guang L, Li Bin Z, Bing An F, Ming Yang Q, Li Hua Y, Ji Hong X. 2004. Inhibition of growth and metastasis of human gastric cancer implanted in nude mice by d limonene. World J Gastroenterol
  • Del Toro Arreola S, Flores Torales E, Torres Lozano C et al. 2005. Effect of D Iimonene on immune response in BALB/c mice with lymphoma. Int Immunopharmaco
  • Nagoor Meeran, M. F., Seenipandi, A., Javed, H., Sharma, C., Hashiesh, H. M., Goyal, S. N., Jha, N. K., & Ojha, S. (2020). Can limonene be a possible candidate for evaluation as an agent or adjuvant against infection, immunity, and inflammation in COVID-19
  • Alessio, P. A., Bisson, J. F., & Béné, M. C. (2014). Anti-stress effects of d-limonene and its metabolite perillyl car alcohol. Rejuvenation research

Laisser un commentaire