Huile essentielle d’Origan compact, plante sacrée indispensable

L’Origan, de son nom botanique Origanum compactum, appartient à la famille des Lamiaceae. Les organes producteurs sont les parties aériennes fleuries.

Histoire de l’Origan

Originaire du bassin méditerranéen et d’Asie centrale, l’origan est en effet apparu dès l’Antiquité comme un produit aux vertus médicinales. Cousin de la marjolaine, cette plante aromatique était considérée comme « sacrée » tant par les Égyptiens que par les Indiens. L’origan est de fait l’une des herbes essentielles pour la médecine et la cuisine depuis l’Antiquité. Mais attention, des espèces très différentes sont souvent appelées à tort « origan ». Origanon et origanos étaient, durant l’Antiquité, des noms dont on affublait diverses plantes de la famille des Lamiacées, autant marjolaines, origans que sarriettes. D’après ces noms, l’origan est la plante qui embellit la montagne (oros) d’un radieux éclat (gonos). Il est vrai qu’il ne manque pas de charme.

Dans l’Antiquité

Dès l’Antiquité, l’origan comptait parmi les aromates indispensables pour la médecine et la cuisine. Attention cependant ! On a souvent désigné sous le nom d’ « origan« , des espèces très différentes… Virgile, dans l’Eneide, soutient que Vénus soigna la blessure de son fils avec de l’origan… Une huile parfumée avec cet origan était offerte aux dieux comme l’atteste une tablette du XIIIe siècle av. J.-C.

L’origan dont parle Aristote, Théophraste, Hippocrate, Pline et bien d’autres, n’est pas toujours notre origan, mais une variété désignée sous le nom de « Dictamnus » ou « Dictame« . Dans la médecine grecque, Dioscoride (Ier siècle) le recommandait notamment pour les gastrites. En médecine traditionnelle, ses feuilles sont ainsi broyées pour soulager les narines froides et en cataplasme ou en infusion contre les douleurs articulaires. Il est en outre considéré comme tonique et aphrodisiaque.

Quant aux Romains ainsi qu’aux Grecs, ils étaient en effet convaincus qu’il avait des propriétés aphrodisiaques, symbolisant la fertilité et la joie. De plus, certains jeunes mariés portent des couronnes tissées avec de l’origan. Ce n’est qu’au XIIIème siècle que naît le nom « origan » signifiant « amour de la montagne ». La légende raconte en effet que cette herbe de montagne a été créée par Vénus pour soigner les blessures causées par les fameuses flèches de Cupidon.

Ce condiment embaumait les défunts des Égyptiens et était donné en offrande aux Dieux. L’origan était considéré comme un anti-venin pour Aristote.

Comme quoi, des deux « excellents », celui qui annonce des bêtises n’est pas forcément celui auquel on pense, le littéraire pouvant l’emporter sur le scientifique. Loin de ces billevesées, Hippocrate emploie dans sa pratique médicale un origan qui n’est vraisemblablement pas l’origan vulgaire, assez peu répandu en Grèce et au Proche-Orient, mais un origan aux fleurs blanches, sans doute le même auquel Dioscoride fait référence, bien qu’il n’en mentionne pas qu’un seul dans la Materia medica, puisqu’on y apprend que l’origan héracléotique, de nature caléfactive (c’est-à-dire réchauffante), outre ses usages dans les spasmes, la toux, les démangeaisons, l’hydropisie, l’apparition du flux menstruel, est fortement réputé comme antidote : ainsi viendrait-il à bout des morsures de bêtes venimeuses et d’empoisonnements à la ciguë et à l’opium.

Du dernier origan, dit « vert », Dioscoride complète le tableau : maux de gorge, ulcérations buccales et douleurs auriculaires en sont justiciables. Hormis ces soi-disant qualités alexipharmaques, notre homme, il y a 2000 ans, avait déjà tout compris de l’origan. Par la suite, abordé par Columelle, l’origan se retrouve entre les mains de Pline qui fait état d’une antipathie entre cette plante et le chou, qui, lorsqu’il planté à proximité, se dessèche. L’on voit encore une indication intéressante au sujet de l’origan que l’on réduit à l’état de cataplasme de feuilles fraîches afin de soigner les plaies.

Origan et Peste

Puis vint le Moyen-Âge ! Macer Floridus, en tête, qui nous apprend que l’on « s’accorde à reconnaître à l’origan une force de chaleur et de siccité du troisième degré ». Rien de plus vrai ! Vous avez des doutes ? Bien, tentons l’expérience suivante : placez une seule goutte d’huile essentielle d’origan vulgaire sur le bout de votre langue. Ça brûle, n’est-ce pas ? En langage aromathérapeutique, l’on appelle cela la dermocausticité.

Mais Macer Floridus ne nous parle pas d’huile essentielle, bien plutôt de décoctions aqueuses et vineuses, de gargarismes, de cataplasmes, dans la plus pure tradition phytothérapeutique.

Comme nous l’avons dit plus haut, Dioscoride considérait l’origan comme contrepoison de la ciguë et de l’opium. Macer Floridus y ajoute l’aconit et d’autres poisons végétaux qu’il ne nomme pas. C’est peut-être cette aptitude de l’origan à chasser poisons et venins qui le fera employer pour écarter les sorcières et les démons au Moyen-Âge, expliquant aussi, probablement pourquoi l’on a voulu voir parmi les plantes de la litière de la Vierge Marie l’origan.

En effet, l’on dit que la couche de l’enfant Jésus était garnie de plantes protectrices dont on s’est inspiré pour en faire autant avec le lit des parturientes afin d’offrir protection tant aux mères qu’aux nouveaux-nés, les préservant par là du malheur. Puisqu’on aborde Marie, invoquons l’abbesse de Bingen. Le Dost, ainsi l’appelle-t-elle, Hildegarde le recommande dans les douleurs d’oreilles et de poitrine, les accès fébriles et, chose particulièrement pertinente, les maux de tête d’origine digestive. Cependant, elle se garde bien d’en faire un usage interne, accusant l’origan, par cette voie, de provoquer la lèpre, de faire enfler les poumons et de rendre malade le foie (ce en quoi elle n’a pas tort sur ce dernier point : l’on connaît la propriété hépatotoxique de l’huile essentielle d’origan).

Au XVIe siècle, on en portait sur soi afin de se protéger de la peste. L’origan était reconnu pour deux propriétés, son rôle protecteur et en tant que philtre d’amour : « quelques feuilles dans le repas de l’élu de son cœur ». Il est une très ancienne épice dont on retrouve la mention dans des ouvrages culinaires du Moyen Âge.

De l’origan, l’on a tout dit : des choses vraies qui dénotent la perspicacité et la sagacité, des choses fausses, confinant parfois à la sottise et à la crédulité crasse sans borne. Et cela commence très tôt, avec Aristote, par exemple, qui prétend que la tortue venant à manger un serpent, doit, à la suite, avaler de l’origan pour n’en pas mourir.

C’est une ânerie que l’on retrouvera, copiée-collée sans discernement par certains Henri Corneille Agrippa et autres Jean-Baptiste Porta. Au contraire, l’homme de théâtre, auteur des Nuées et des Grenouilles, Aristophane, par une locution devenue proverbiale – « regarder de l’origan » –, fait référence aux âmes énergiques.

Epoque contemporaine

Valnet (XXe siècle) le préconise pour les bronchites chroniques et les toux irritatives (ex. coqueluche), ainsi que pour l’aérophagie et les douleurs rhumatismales.

 

Quelles sont les propriétés pharmacologiques de l’huile essentielle de fleurs d’Origan ?

Mode d’action connu ou présumé :

  • Le carvacrol possède une activité anti-Listeria surtout en synergie avec thymolgamma-terpinène et paracymène
  • Thymol et carvacrol sont bactériostatiques et bactéricides vis-à-vis d’Escherichia coli

Effet antimicrobien :

L’effet antimicrobien de l’huile essentielle d’origan compact a notamment été démontré vis-à-vis d’Escherichia coli, Salmonella typhimurium, staphylocoque doré et Klebsiella pneumoniae. Cette huile est également antifongique vis-à-vis de champignons impliqués dans les maladies de peau, les candidoses et les aspergilloses. De plus, elle est également toxique pour les parasites comme les punaises de lit. Antiviral, le carvacrol dégrade les protéines de la capside, son enveloppe virale et détruit ainsi le virus.

L’origan est donc bactéricide même vis-à-vis de germes résistants aux antibiotiques avec lesquels il entre en synergie.

Thymol ainsi que carvacrol sont inhibiteurs des pompes à efflux bactériennes, surtout en association synergique et inhibent la formation du biofilm et la virulence de certaines bactéries (Escherichia coli, Salmonella enteritidis).

Effet antioxydant :

L’origan est un antioxydant ainsi qu’un protecteur de l’ADN, cet effet a été démontré in vitro vis-à-vis du peroxyde hydrogène.

Autres effets :

  • Immunostimulante
  • Cortison-like
  • Tonique et stimulante générale, physique, psychoémotionnelle et sexuelle
  • Cortico-stimulante
  • GABA-ergique
  • Anti-inflammatoire

L’huile essentielle d’Origan requiert-elle des précautions d’emploi ?

  • Ne pas diffuser, ni inhaler, ni mettre dans l’eau du bain
  • Dermocaustique, action révulsive sur la peau à l’état pur et agressive pour les muqueuses (rougeurs, irritations, prurit, nécrose)
  • Contre-indiquée chez la femme enceinte ou allaitante
  • Contre-indiquée chez l’enfant de moins de 12 ans
  • Pas plus de 10 jours d’utilisation
  • Éviter en association avec la cortisone, risque d’interaction médicamenteuse
  • Ne pas utiliser sur une période prolongée, au risque de mettre au repos l’axe hypophyso-surrénalien et de subir une insuffisance surrénalienne aiguë à l’arrêt de la prise de l’huile essentielle
  • Éviter d’appliquer l’huile essentielle d’origan le soir (ou avant toute période de repos)
  • Déconseillée chez les personnes souffrant d’ostéoporose, en raison du risque de décalcification inhérent
  • Prudence en usage interne, hépatotoxicité aiguë à très faible dose
  • Interactions médicamenteuses avec les huiles essentielles contenant des sesquiterpènes à plus de 10 %
  • Inhibitrice enzymatique, risque d’interactions médicamenteuses, demandez de fait conseil à votre pharmacien
  • Attention à d’éventuels effets gynécomastiants en usage prolongé, le linalol montre une activité anti-androgénique ainsi qu’une faible activité estrogénique en se liant aux récepteurs aux œstrogènes. Le linalol empêche en effet la production de testostérone, il est donc à éviter chez les individus de sexe masculin (perturbateur endocrinien)
  • Contre-indiquée per os en cas de gastrites, d’ulcères et de problèmes hépatiques

Sources bibliographiques médicales et essais cliniques :

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