Il était une fois, l’huile essentielle de bulbe d’ail

Originaire d’Asie centrale ou du Caucase, l’ail (Allium sativum) est une plante cultivée et consommée depuis plus de 6000 ans. De tout temps, il a été considéré comme une panacée. Dans la Rome antique, Pline l’Ancien dénombrait 61 maladies soignées par l’ail. Avant la découverte des antibiotiques, les gousses d’ail écrasées étaient entre autres utilisées comme antiseptique dans le traitement des plaies.

Un peu d’histoire

Originaire d’Asie centrale ou du Caucase, l’ail (Allium sativum) est cultivé et consommé depuis plus de 5 000 ans. Dans la Rome antique, Pline l’Ancien y voyait un remède à 61 maladies. Avant les antibiotiques, il était utilisé comme antiseptique pour les plaies.

L’ail est une plante vivace avec des bulbes, appelés « caïeux » ou « gousses« . Utilisé en cuisine, il parfume salades, viandes rôties et pain aillé.

Les Égyptiens valorisaient ses propriétés nutritives. Selon Hérodote, les ouvriers des pyramides consommaient de l’ail pour leur force. Les Grecs et Romains appréciaient également ses vertus. Les Gaulois étaient de grands consommateurs d’ail, et sous Henri IV, il gagne un statut particulier en France.

Des figures telles que Homère, Hippocrate, Aristophane, et Aristote louaient ses qualités médicinales. L’ail est considéré comme un « alicament« , à la fois aliment et médicament. Galien le nommait « thériaque des paysans ».

L’ail est recommandé pour la santé des vaisseaux sanguins, contre le cholestérol et l’hypertension, bien que son efficacité soit modeste. Le genre Allium comprend aussi le poireau, la ciboulette, l’oignon, etc. Sativum signifie « cultivé ».

Sa variété est limitée, mais l’ail, blanc ou rose, reste populaire. Cultivé depuis plus de 6 000 ans, il était une divinité en Égypte et sacré pour les Romains. Il était utilisé dans l’Empire carolingien pour ses propriétés médicinales et durant la peste pour ses vertus antiseptiques.

En cuisine médiévale, l’ail accompagnait surtout les poissons et les sauces. Au début de la Renaissance, il était reconnu pour ses propriétés désintoxicantes et diurétiques. Au siècle dernier, on a découvert ses actions anticancéreuses, hypotensives et antidiabétiques.

L’ail a aussi une place dans les superstitions et croyances populaires, comme protection contre le mauvais œil ou les vampires.

Quelles sont les propriétés pharmacologiques de l’huile essentielle de bulbe d’ail ?

La gousse d’ail intacte est peu odorante, mais libère de l’alliicine quand elle est coupée ou écrasée. Cela est dû à la transformation de l’alliine par l’alliinase, une enzyme présente dans l’ail. L’alliicine, odorante et instable, produit plusieurs composés comme le sulfure de diallyle et l’ajoène. L’alliine, et un autre composé, la S-allylcystéine, proviennent de la gamma-glutamyl-cystéine (0,9 % du poids de la gousse). Dans l’ail âgé conservé au froid, on trouve aussi la S-allylmercaptocystéine.

L’ajoène a un fort effet anti-thrombotique. Il agit en pénétrant la membrane des plaquettes et en réduisant la viscosité de la bicouche lipidique. Il interfère avec le récepteur au fibrinogène, inhibe le transport du fibrinogène et la formation du thromboxane A2. Les gousses d’ail contiennent aussi des acides phénols et des flavonoïdes, qui sont responsables de leurs propriétés antiseptiques.

Propriétés anti-infectieuses

Les propriétés bactéricide, fongicide (anti-candidosique), antiparasitaire intestinale (anthelminthique : ascaris, oxyures, tænia) du sulfure de diallyle et autres composés organosulfurés, principaux constituants de l’ail, ont été démontrées. L’effet antimicrobien du sulfure de diallyle a plus particulièrement été démontré sur Campylobacter jejuni, par le biais de l’inhibition de son biofilm bactérien.

Anti-infectieuse et antibactérienne, l’huile essentielle d’ail agit également de manière efficace dans les infections respiratoires, du fait de son passage par les poumons lors de son élimination partielle. Cette huile est notamment réputée pour inhiber la croissance de Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (diallyl sulfide et diallyl disulfide).

Propriétés cardio-vasculaires

Anti hypertensive, avec une activité vasodilatatrice des artérioles capillaires d’après Loeper ; l’huile essentielle d’ail ralentit également le pouls. Cette activité plusieurs fois décrite est due à ses propriétés diurétiques, d’inhibition de l’enzyme de conversion de l’angiotensine et de vasodilatation des vaisseaux sanguins.

Antiagrégante plaquettaire, elle augmente de fait l’activité fibrinolytique et prévient l’apparition d’infarctus.

Propriétés métaboliques

Anticholestérolémiante par diminution du taux plasmatique des lipides mis en évidence par de nombreuses études cliniques effectuées en double aveugle contre placebo, l’huile essentielle d’ail exerce de fait un effet antidiabétique, qui passe par un abaissement significatif de la glycémie, du cholestérol sérique, des triglycérides, de l’hémoglobine glyquée érythrocytaire, et de la peroxydation rénale et hépatique.

Anti hépatotoxique, l’huile essentielle d’ail stimule la biosynthèse des enzymes hépatiques de détoxication de phase II, surtout DATS, et augmente l’activité de la glutathion-S-transférase; ce qui protège par conséquent la fonction et l’intégrité des mitochondries hépatiques. De plus, l’ail active la synthèse des récepteurs constitutifs des androstanes qui sont associés à latoxification des cellules hépatiques exposées à des xénobiotiques comme les œstrogènes.

L’ail inhibe la toxicité induite par l’acétaminophène. Il limite le risque lié à l’intoxication par les métaux lourds et les solvants. Le sulfure de diallyle, un des principaux constituants de l’ail, est un inhibiteur du CYP2E1, et joue un rôle dans la prévention cellulaire vis-à-vis de l’alcool, des analgésiques, des xénobiotiques et dans les maladies telles que le VIH et le diabète.

Propriétés anticancéreuses

L’huile essentielle d’ail préviendrait contre la formation de tumeurs malignes, notamment au niveau de l’estomac et de l’œsophage (études chinoises et japonaises). Elle présente également un intérêt dans la chimio prévention des cancers, stoppe la division des cellules tumorales hépatiques (phase G2/M du cycle cellulaire), et induit l’apoptose dans les cancers du poumon.

Autres propriétés

L’ail est un tonique digestif qui stimule l’appétit (souvent comparé au quinquina). Il est également antispasmodique et antiputride. Les études d’amarrage moléculaire montrent que les composés organosulfurés de l’ail (surtout diallyl sulfide et triallyl sulfide) possèdent une activité anti coronavirus SARS-CoV-2.

Hormon-like (thyréostimulante et cortison-like légère), cette huile essentielle est une rééquilibrante glandulaire. Elle est en outre efficace contre les verrues, les cors et les durillons, en application locale.

Quelques autres plantes utilisées pour réduire les taux de cholestérol

La phytothérapie traditionnelle utilise également les plantes suivantes pour lutter contre l’excès de cholestérol :

Les effets anticoagulants de l’ail ont été confirmés. Ces effets, ajoutés à ceux observés sur le cholestérol et la pression artérielle, pourraient contribuer à la prévention de certaines maladies vasculaires comme les accidents vasculaires cérébraux (les « attaques cérébrales »).

Des études épidémiologiques ont montré que les personnes qui consomment de grandes quantités d’ail ont un risque plus faible de développer un cancer de l’estomac, du côlon ou de la prostate. Néanmoins, il est probable que cette observation soit plutôt liée à leur comportement alimentaire dans son ensemble (les gros consommateurs d’ail sont souvent végétariens).

Ce qu’en pensent les autorités de santé

L’Agence européenne du médicament considère comme « traditionnellement établi » l’usage des préparations à base d’ail comme « élément complémentaire dans la prévention de l’athérosclérose (dépôts de cholestérol sur les parois des artères) » et « pour soulager les symptômes du rhume ».

L’Organisation mondiale de la santé considère comme « cliniquement établi » l’usage de l’ail comme un « traitement adjuvant [complémentaire] aux mesures alimentaires destinées à diminuer les taux de lipides dans le sang (cholestérol et triglycérides) » et admet que l’ail « peut être utile lors d’hypertension artérielle modérée ». L’OMS considère comme « traditionnel » l’usage de l’ail dans « le traitement des infections respiratoires, des vers intestinaux, des troubles digestifs et de l’arthrose ».

La Commission E du ministère de la Santé allemand reconnaît l’usage de l’ail dans « le traitement adjuvant des régimes destinés à diminuer les lipides du sang, et dans la prévention des modifications vasculaires liées à l’âge ».

La Coopération européenne en phytothérapie reconnaît l’usage de l’ail « dans la prévention de l’athérosclérose (le dépôt de cholestérol sur la paroi des artères), dans le traitement des excès de lipides dans le sang non contrôlés par un régime alimentaire, et dans le traitement des infections respiratoires (sans preuve clinique) ».

Les Instituts nationaux de la santé américains considèrent comme « fondé sur de bonnes évidences scientifiques » l’usage de l’ail pour « diminuer modérément les taux sanguins de cholestérol (total et LDL) sur une durée de quatre à douze semaines ». Ils relèvent que peu de données existent sur un effet plus durable ou sur un effet positif de l’ail sur le cholestérol HDL (le « bon » cholestérol).

Comment utiliser l’ail ?

Les doses quotidiennes recommandées d’ail frais varient. L’OMS suggère quatre gousses par jour, tandis que la Commission E conseille une gousse.

En produits manufacturés, l’ail se trouve sous forme séchée ou vieillie (fermentée), et en extraits. Il est préférable de consommer l’ail pendant les repas pour éviter l’irritation de l’estomac. En application locale sur la peau, l’ail, sous forme broyée, en tranches, en jus ou en huile, peut être irritant.

L’huile essentielle d’ail a de nombreux avantages. Toutefois, sa teneur en allicine limite son usage. Il faut consulter un professionnel pour des conseils personnalisés. En usage cutané, on ne recommande pas l’ail car il peut être dermocaustique. S’il est utilisé, il doit être dilué : 1 ou 2 gouttes dans de l’huile végétale.

Par voie orale, l’ail doit être pris sur avis médical, car il peut irriter les muqueuses. L’huile essentielle d’ail peut être utilisée en cuisine, mais son odeur rend son utilisation difficile. Utiliser de l’ail frais ou directement est préférable.

Pour l’inhalation en cas d’infections respiratoires, diluer quelques gouttes d’huile essentielle d’ail dans de l’eau frémissante. Couvrir la tête avec une serviette et inhaler pendant une dizaine de minutes. Répéter trois fois par jour. On peut aussi déposer l’huile sur un mouchoir et inspirer profondément.

Enfin, l’huile essentielle d’ail n’est pas adaptée à la diffusion en raison de son odeur forte et tenace.

L’huile essentielle d’ail requiert t-elle des précautions d’emploi ?

  • Cette huile contient du souffre
  • Mauvaise tolérance gastrique à forte dose
  • Prudence en cas d’hypothyroïdie
  • Huile essentielle dermocaustique, diluez à 20% maximum dans un corps gras
  • Ne pas diffuser
  • Contre-indiquée chez la femme enceinte ou allaitante
  • Réservée à l’adulte
  • Pas d’usage prolongé
  • Éviter le contact des yeux
  • Éviter en association avec la cortisone, risque d’interaction médicamenteuse
  • Ne pas utiliser sur une période prolongée, au risque de mettre au repos l’axe hypophyso-surrénalien et de subir une insuffisance surrénalienne aiguë à l’arrêt de la prise de l’huile essentielle
  • Éviter d’appliquer l’huile essentielle le soir (ou avant toute période de repos)
  • Déconseillée chez les personnes souffrant d’ostéoporose, en raison du risque de décalcification inhérent

Interactions pharmacocinétiques :

  • Aucun effet significatif sur l’activité des CYP1A2, CYP2D6 et CYP3A4, mais diminution significative de l’activité des CYP2E1 agissant sur le métabolisme de l’alcool (L’ail est classé comme non-inhibiteur du CYP3A4)
  • Inhibiteur du CYP 2C9
  • Interactions avec les médicaments employés contre le VIH (saquinavir, ritonavir)

Interactions pharmacodynamiques :

  • Risque théorique de variation de l’effet de certains médicaments antidiabétiques (effet additif)
  • Interactions avec l’Aspirine, les anticoagulants oraux, la warfarine et les anti-inflammatoires non stéroïdiens (risque hémorragique)
  • Interrompre la consommation de compléments d’ail au moins 7 jours avant une intervention chirurgicale

Quelles sont les caractéristiques de l’Ail ?

L’ail (Allium sativum), utilisé en cuisine pour son goût et son odeur forts, est une plante potagère vivace monocotylédone. Sa tête se compose de plusieurs gousses. Originaire d’Asie centrale, il est connu depuis 5 000 ans en région méditerranéenne et apprécié pour ses qualités gustatives et médicinales.

Taxonomiquement, Allium sativum a été décrit par Carl von Linné en 1753. Plusieurs synonymes existent pour cette espèce, comme Allium controversum et Allium ophioscorodon.

La plante, mesurant 50 à 120 cm, possède de nombreuses feuilles engainant sa tige. Son inflorescence est rare et se compose de fleurs blanches ou roses regroupées en ombelles, s’épanouissant en été. Les fruits sont des capsules à trois loges, mais rarement produites.

L’ethnobotanique situe son origine en Asie centrale, avec des souches sauvages peu diversifiées. On l’utilise depuis 5 000 ans, notamment en Mésopotamie et Égypte. Les Grecs et Romains lui attribuaient des propriétés fortifiantes.

L’ail est connu pour son odeur distinctive, qui était même interdite dans les temples consacrés à Cybèle selon Athénée. En cuisine provençale, l’ail est un ingrédient principal. Le Grand Dictionnaire de cuisine d’Alexandre Dumas mentionne son usage dans divers plats. Hippocrate classait l’ail parmi les médicaments sudorifiques. Les croisés ont contribué à sa diffusion en Europe, où il était considéré comme une panacée. Charlemagne recommandait sa culture dans les domaines royaux. Christophe Colomb aurait introduit l’ail aux Amériques.

Cultivé mondialement, l’ail préfère les sols légers et bien drainés. Il est planté en France à partir de mai et au Canada en octobre. La production française en 2017 était de 20 432 tonnes. Plusieurs cultures d’ail ont reçu le label IGP. Malgré son intérêt, l’ail a peu fait l’objet de recherches génétiques pour l’amélioration. Sa numération chromosomique est 2n=2x=16.

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